La fermeture de Fessenheim : un écocide silencieux
—
Cette tribune a été rédigée pour Objectif France. Retrouvez-la ici
La baisse de charge du second réacteur est enclenchée avec quelques heures d'avance, ce n'est maintenant plus qu'une question de temps avant que la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim ne cesse toute activité et débute son long processus de démantèlement. Chez les anti-nucléaires la joie règne : on sort des bouteilles de champagne en l'honneur de cet écocide. Étrange monde que celui où des écologistes autoproclamés se mettent soudainement à défendre l’obsolescence programmée.
Parce qu'il n'y a rien de rationnel dans la décision de fermer cette centrale. Le dernier rapport de l'Autorité de Sûreté Nucléaire sur l'état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France est sorti il y a quelques jours à peine. Le « gendarme du nucléaire » confirme là encore ce qui avait déjà été noté les années précédentes : « la performance de la centrale nucléaire de Fessenheim reste à un niveau satisfaisant en matière de sûreté nucléaire […] l'installation se situe favorablement par rapport à la moyenne nationale dans les domaines de la sûreté de l'environnement, et dans la moyenne dans le domaine de la radioprotection ». Si une grande partie de l'opinion publique craint encore le nucléaire, ce mode de production énergétique demeure, statistiquement, le plus sûr de tous. Certaines associations malhonnêtes brandissent alors les deux sempiternels épouvantails : Tchernobyl et Fukushima. Tout en sachant pertinemment que la comparaison ne tient pas, Tchernobyl étant un réacteur d'une technologie bien différente de la nôtre (RBMK), tout comme Fukushima (REB) dont, en plus, les générateurs de secours étaient situés au sous-sol. De tels accidents étant aujourd'hui impensables en France, physiquement et en raison de nos normes drastiques de sécurité.
Il ne s'agit pas non plus d'une question de durée de vie puisque, contrairement à ce que certaines ONG se plaisent à raconter, l'idée d'un âge limite de 40 ans ne repose sur rien. Il s'agit d'un jalon et non d'un plafond : les centrales sont autorisées à fonctionner 10 ans de plus tous les 10 ans par l'ASN, lors de la traditionnelle visite décennale.
Si Fessenheim ferme, ce n'est sûrement pas non plus pour une question environnementale. Comme l'explique l'Agence Internationale de l’Énergie, référence dans ce domaine, sans nucléaire la transition énergétique serait « bien plus dure et bien plus coûteuse ». Si la production nucléaire émet bien du CO2, notamment lors de l'extraction de l'uranium, ces émissions sont dérisoires (de l'ordre de 6gCO2/Kwh selon les études les plus sérieuses). Sans compter que le nucléaire occupe un espace au sol bien plus faible que les énergies renouvelables, tout en consommant moins de ressources.
Quant aux déchets, la totalité de ceux (civils, militaires, médicaux) générés depuis le début du nucléaire en France ne représente qu'un volume assez dérisoire. Des déchets qui, entreposés ne représentent aucun risque et qui, mieux encore, pourraient représenter pour les générations futures une manne énergétique (dans des réacteurs de quatrième génération).
Mais alors : pourquoi ferme-t-on Fessenheim ? D'autant plus dans un contexte où l'électrification de nos moyens de production, de nos transports, risquent de faire peser sur notre réseau un risque de stabilité ? Cela fait bien longtemps que la rationalité a quitté le débat politique. Nombre de nos gouvernants n'hésitent pas une seule seconde à sacrifier un atout national majeur pour gratter quelques points de sondage chez Europe Écologie Les Verts. Le nucléaire n'est pas aujourd'hui une énergie parfaite. Mais en l'absence de substituts efficaces, il s'agit de notre meilleur atout dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les prétendus « écolos » qui nous rappellent sans cesse l'urgence du changement climatique accepteront-ils que nous nous tirions une balle dans le pied en dehors de toute rationalité ? Développer les énergies renouvelables est, en soi, un objectif louable. Mais le développement des énergies renouvelables, encore trop intermittentes aujourd'hui, n'a pas à se faire au détriment d'une source de production électrique fiable, bas-carbone, et abondante qui garantit notre souveraineté énergétique.
Le vrai combat contre le réchauffement climatique suppose du pragmatisme et de la rationalité.
Damien Conzelmann
Pour débattre avec nous et nous rejoindre, cliquez ici !
Merci !